Publié le 01 avril 2020
Ce 29 mars 2020, Georges Galardon et Serge Le Bartz répondaient en toute transparence au journal Paysan Breton au sujet des moyens mis en oeuvre par le Groupe face à cette crise sanitaire inédite ainsi que de son impact sur les activités. Retour sur l'interview des deux présidents pour savoir comment Eureden s'adapte à la situation :
L’union Eureden, lancée officiellement le 1er janvier dernier, est confrontée à une période particulière pour ses premiers pas…
Effectivement, nous avons déjà vécu un automne et un hiver très pluvieux qui a fait prendre du retard à beaucoup de nos 20000 adhérents. Et nous subissons comme tout le monde cette terrible crise sanitaire du Covid-19 qui s’impose à tous les acteurs économiques.
Justement, comment réagissez-vous chez Eureden ?
En tant que groupe coopératif agroalimentaire leader sur son territoire, nous devons agir de façon responsable. Notre priorité, c’est la santé de nos adhérents, salariés, fournisseurs, clients… Bien avant le confinement, nous avions demandé à nos salariés de respecter les gestes barrières. Depuis la mise en place du confinement, nous avons mis un certain nombre de salariés au télétravail mais beaucoup sont à poste dans les magasins, les sites industriels, la logistique, les unités administratives… Nous tenons à les remercier car, sans eux, c’est toute la chaîne alimentaire de notre pays qui serait bloquée. Et nous apprécions les nombreux soutiens et encouragements qui nous sont parvenus, ceux du Président de la Région Bretagne, ceux de nos adhérents, de nos consommateurs…
Au niveau de la coopérative, assurez-vous une continuité d’activité avec vos adhérents ?
Oui. Nos magasins agricoles et notre réseau Cultivert sont ouverts à nos agriculteurs. Nous avons même, en lien avec le retour d’un temps plus propice, une très forte activité en agrofourniture. Tout est à faire en même temps : semis, désherbage, épandage, fertilisation… Nos équipes de techniciens sont très mobilisées et disponibles par téléphone pour répondre aux adhérents. Ils peuvent se déplacer sur demande ou en cas d’urgence.
Nos magasins Eureden, Point Vert et Magasin Vert ne sont pas ouverts au public en libre-service mais assurent un service minimum de dépannage pour les produits à destination des animaux de compagnie, les pellets et les produits agricoles professionnels.
En légumes, les activités de récolte (carottes et épinards) et de semis sont en cours. Notre inquiétude réside dans la logistique, notamment en pommes de terre, certains sous-traitants ayant moins de chauffeurs disponibles.
Et pour les productions animales ?
Nous faisons face à une très forte demande en aliment du bétail. Nos usines tournent normalement avec des équipes mobilisées même si elles sont un peu en sous-effectif. Là aussi, le point névralgique reste la logistique. La vie des chauffeurs est très compliquée en période de confinement ! Les productions animales qui ont un débouché GMS ne rencontrent pas de difficultés particulières. C’est le cas du porc par exemple. Le lait est collecté normalement. En volaille, les plannings s’adaptent selon la demande.
En viande bovine, le marché au cadran de Ploërmel est fermé pour éviter les rassemblements mais le ramassage de veaux et de gros bovins est toujours assuré. Le centre d’allotement de Glomel fonctionne. Les œufs sont collectés mais nous devons les réorienter vers le débouché GMS avec les problèmes de calibre que cela pose.
Et vos branches aval ?
Nos sites industriels fonctionnent tous avec des niveaux d’activité divers. Certains sont en sous-activité, d’autres doivent faire face à une forte demande. En France, la restauration hors domicile (RHD) s’est effondrée du fait du confinement. Cela impacte les sites concernés comme l’activité ovoproduits. En revanche, la demande est très forte pour toutes les activités très tournées vers les grandes surfaces : légumes surgelés et en conserves (marques Paysan Breton et d’aucy), plats cuisinés, lardons, poulets…
Quel sera l’impact de cette crise sur Eureden ?
Il est trop tôt pour le dire. Cette crise va de toute façon impacter toute l’économie régionale et l’impact sera conséquent. Mais elle aura au moins eu l’avantage de montrer à quel point nous avons besoin de notre agriculture et de notre agroalimentaire. Depuis plusieurs années, nous sommes régulièrement critiqués, vilipendés. Mais aujourd’hui, nous sommes devenus des sauveurs presque au même titre que les personnels de santé… Nous réussissons à approvisionner en produits de qualité les rayons de nos supermarchés pourtant complètement dévalisés en quelques heures. C’est quand même quelque chose de remarquable. Espérons donc que cette crise permettra de changer le regard de nos concitoyens sur notre agriculture !
Propos recueillis par Denis Ernotte